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Services de santé en français en milieu minoritaire: il faut aller plus loin que la question de la langue

C’est tout le bagage culturel du patient qu’il faut voir.

Le Dr. Aurel Schofield

Le Dr. Aurel Schofield

Photo: Francopresse (2014)
Lorsqu’on parle de services de santé en français en milieu minoritaire, il faut innover. Il faut aller plus loin que la question de la langue. C’est tout le bagage culturel du patient qu’il faut voir. C’est donc dire des services adaptés à la culture des immigrants francophones d’origines ethniques diverses.

C’est l’une des priorités de l’ex-directeur et doyen associé du Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick, le Dr Aurel Schofield, reconduit dans ses fonctions à la tête de la Société Santé en français pour un deuxième mandat de deux ans.

En effet, comment expliquer un traitement à un patient du sud-est asiatique dont la langue seconde est le français, lui donner des conseils sur la prévention ou l’autogestion de sa santé alors qu’il est déjà « en situation de vulnérabilité? », rajoute-t-il.

« Les études montrent qu’il perd sa capacité de compréhension dans la langue seconde » […] On revient toujours à la langue maternelle, la langue de base », explique le président de la SSF. 

L’un des défis de la Société de santé en français, sera de développer une stratégie globale axée sur des services en santé « linguistiquement et culturellement » adaptés aux diverses communautés culturelles et au milieu qui les dessert, fait-il voir. La solution sera sans doute différente au Nunavut qu’à Saint-Boniface, au Manitoba.

La SSF a déjà une étude exploratoire en main sur les normes en vigueur aux États-Unis en matière de services culturellement et linguistiquement appropriés destinés, par exemple, à la population hispanophone qui a une connaissance limitée en anglais. Dans certains centres de santé américains, on a misé sur le recrutement d’employés bilingues (dans la langue de la minorité), sur la formation culturelle et linguistique et le recours à des services d’interprétation téléphonique, selon les besoins.

L’une des idées qui fait son chemin au Canada, c’est de recruter des « accompagnateurs » qui accompagneraient le malade « dans le système. » Un interprète, note-t-on, peut très bien servir « de point de contact » avec le patient mais celui-ci n’aura pas nécessairement de connaissances médicales.

Au Canada, la côte est longue à remonter et les divers hôpitaux qui offrent des services en français n’en sont pas là. Si l’on se fie à l’expérience américaine, l’établissement de normes et la mise en place de services est un processus extrêmement long. Autre embûche : « la discontinuité dans le financement. »

La SSF a reçu une enveloppe budgétaire de 40 millions $ en mars 2014, soit le même montant qu’en 2013 mais cette fois, des fonds de 13 millions $ ont été retenus pour financer des projets qui répondront aux demandes des communautés minoritaires. Ces projets seront soumis à des appels d’offres.

C’est un recul pour la SSF qui veut mettre en place des stratégies permanentes et diversifier ses sources de financement pour ne plus être à la merci des fonds liés à la feuille de route linguistique du gouvernement fédéral.

Parmi ses autres priorités, le Dr Schofield mise sur le maintien des 16 réseaux de santé de la SSF, les ressources humaines, la prévention des maladies et le transfert des connaissances.

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