Des scientifiques de la Saskatchewan identifient une nouvelle arme dans la lutte contre le cancer
Dans une récente étude, une équipe de recherche en cancérologie de l’Université de la Saskatchewan dévoile une nouvelle piste de traitement contre le cancer. Une potentielle thérapie qui cible cette fois non pas un type de cancer en particulier, mais un ensemble de tumeurs cancéreuses.
Depuis plusieurs années, de nombreux projets de recherche tentent de faire avancer la lutte contre le cancer par de nouveaux traitements moins agressifs et moins dangereux que les thérapies actuelles.
Dans le peloton de tête de ces possibles thérapies figure la létalité synthétique, une technique basée sur l’inhibition conjointe de paires de gènes qui empêche la croissance des cellules tumorales.
Une nouvelle technique
Dans leurs travaux les plus récents, l’équipe du docteur Franco Vizeacoumar, à l’Agence du cancer de la Saskatchewan, cherche à utiliser une variation de ce phénomène en ciblant leurs efforts sur le gène qui est à l’origine d’une protéine : la PLK-1.
« Cette protéine PLK-1 assure la régulation de la croissance des cellules, et on la trouve en abondance dans les cellules cancéreuses », explique Andrew Freywald, co-auteur de l’étude.
Ainsi, les universitaires cherchent à trouver un gène dont la suppression, combinée avec le gène qui code la protéine PLK-1, pourrait ralentir la croissance ou détruire les cellules tumorales.
« Imaginez une voiture dans laquelle le moteur est en surchauffe constante, mais dont la surchauffe est limitée par un bloc refroidissant, explique Vincent Maranda, étudiant au doctorat et co-auteur de l’étude. Si on retire le bloc refroidissant, le moteur va finir par exploser. »
Vincent Maranda, doctorant à l’Université de la Saskatchewan, est le co-auteur d’une étude sur la létalité synthétique par dosage.
Crédit : Courtoisie
« C’est ce que nous cherchons à faire avec cette technique, qui s’appelle la létalité synthétique selon le dosage », ajoute le chercheur.
Le gène secondaire est ici le bloc refroidissant qui « protège » la cellule tumorale d’entrer en surchauffe et donc de mourir.
Une aiguille dans une botte de foin
Les scientifiques ont donc passé au peigne fin le code génétique des cellules tumorales pour identifier les gènes qui, une fois supprimés, provoquent la mort ou la décroissance de la tumeur.
« On enlève un gène à la fois à deux cellules, détaille Vincent Maranda, une cancéreuse et une normale, et on cherche ceux dont l’absence n’a pas d’effet sur une cellule normale mais provoque la mort des cellules cancéreuses. »
C’est ce travail d’identification que les chercheurs ont réalisé avec succès pour finir par trouver la perle rare : le gène IGF2BP2.
Grâce à une collaboration avec l’Université de Saarland en Allemagne, l’équipe de Vizeacoumar a pu valider son hypothèse sur des souris : l’inhibition du gène IGF2BP2 permet de réduire la croissance de tumeurs possédant une surexpression de la protéine PLK-1.
D’après Vincent Maranda, cette molécule inhibitrice est une nouvelle arme à ajouter à l’arsenal des traitements médicaux contre le cancer.
Des années de développement
Des années de tests restent malgré tout à réaliser avant d’imaginer en faire une thérapie pour des humains.
Mais, comme l’explique le scientifique, « c’est maintenant aux compagnies pharmaceutiques d’explorer ces possibilités et d’avancer ce développement en utilisant leurs connaissances et leurs instruments ».
S’il n’existe pas encore de traitement ultime contre le cancer, toute progression vers l’identification d’une molécule thérapeutique pour toute une gamme de cancers constitue une grande avancée.
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