Parlement jeunesse : quand les jeunes font entendre leur voix
Du 11 au 14 décembre, le Palais législatif de Regina a vibré au rythme de la 30e édition du Parlement jeunesse fransaskois. Pour souligner cet anniversaire, les jeunes francophones âgés de 12 à 18 ans ont pris place dans l’enceinte parlementaire afin de vivre une immersion unique dans le monde politique.
Pendant quatre jours, les participants ont endossé différents rôles, débattant de projets de loi et découvrant concrètement le fonctionnement des institutions démocratiques.
Une expérience marquante, à la fois éducative et citoyenne, qui souligne l’importance de l’engagement des jeunes au sein de la communauté fransaskoise.
Parmi les députés, Lili-Sophie Aldana Guité, 17 ans, originaire de la ville de Delisle, participait pour la première fois à l’événement organisé par l’Association jeunesse fransaskoise (AJF).
« C’est vraiment excitant d’être ici. Dès le vendredi, on sent l’énergie et l’importance de ce qu’on vit », confie-t-elle, fébrile.
La jeune femme a pris part aux débats entourant deux projets de loi, dont l’un portait sur le droit de vote des élèves dans le choix de la direction scolaire, et l’autre sur le remplacement des feux de circulation par des ronds-points.
« Ce que j’aime le plus, c’est d’entendre tous les arguments. Même quand on n’est pas d’accord, les échanges sont respectueux et stimulants », témoigne-t-elle.
Trente ans de débats
Les débats ont été au cœur de cette édition dans laquelle les jeunes parlementaires ont discuté de sujets concrets et actuels, allant de la gouvernance scolaire aux infrastructures urbaines, en passant par l’investissement dans les causes humaines.
Amendements et sous-amendements ont animé la Chambre, donnant lieu à des discussions riches et parfois inattendues.
« On se questionne beaucoup, et c’est ça qui rend l’expérience aussi intéressante », souligne Lili-Sophie Aldana Guité.
Pour Clara Ross, 17 ans elle aussi, originaire de Martensville, cette édition avait une saveur particulière.
Leader de la Chambre et honorable vice-présidente, elle en était à sa quatrième participation au Parlement jeunesse.
« Chaque année est différente, mais cette fois-ci, en tant que membre du cabinet, j’ai vraiment senti une maturité dans les débats », explique-t-elle.
Surtout, l’apprentie députée soulève un enjeu important : la place des jeunes francophones et leurs pouvoirs décisionnels.
« En Saskatchewan, on se sent rarement représentés ou consultés, que ce soit en politique ou dans le système scolaire. Nos opinions ne sont pas toujours prises en compte », déplore-t-elle.
Malgré ce constat, Clara Ross demeure optimiste. Pour elle, l’événement encourage la relève dont elle fait partie.
« Le Parlement jeunesse donne envie aux jeunes de s’impliquer, de s’intéresser à la politique et, éventuellement, de provoquer des changements dans le futur », affirme-t-elle.
S’impliquer dès le plus jeune âge
Cette réflexion est partagée par Gabriel Chartier, 17 ans, résident de Saskatoon et honorable ministre des Transports pour l’occasion.
Déjà à sa deuxième participation, fort d’expériences similaires en Ontario et au Québec, le jeune homme insiste sur l’importance du renouvellement.
« Chaque année, de nouveaux jeunes arrivent avec des idées différentes. Cette diversité d’opinions est essentielle pour faire avancer les débats », juge-t-il.
Gabriel Chartier se montre toutefois préoccupé par le manque de représentation francophone au sein des instances politiques provinciales.
« Quand la communauté francophone est peu présente à l’Assemblée, comment peut-on espérer que nos voix soient entendues ? », questionne-t-il, évoquant la nécessité d’une représentation plus structurée pour assurer la vitalité de la fransaskoisie.
Parmi les membres du cabinet figurait également Liliane Clark, 17 ans, de Saskatoon, ministre de l’Éducation.
Son rôle l’a amenée à réfléchir aux enjeux scolaires et à l’importance d’impliquer les élèves dans les décisions qui les concernent.
Comme plusieurs de ses pairs, elle voit dans le Parlement jeunesse un espace sécuritaire pour apprendre, débattre et se forger une conscience citoyenne.
La fin de semaine s’est conclue par une cérémonie de fermeture, après un souper-spectacle festif tenu au Bistro du Carrefour des Plaines.
Plusieurs figures de la scène politique étaient présentes, dont la lieutenante-gouverneure Bernadette McIntyre et des députés provinciaux, témoignant de l’importance accordée à cette initiative jeunesse.
Au-delà des débats et des discours, la 30e édition du Parlement jeunesse fransaskois aura à nouveau permis aux jeunes de se faire entendre, de tisser des liens et de croire en leur pouvoir d’action. Le point de départ d’un engagement citoyen durable.
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