Deux grands pas en avant, un petit pas en arrière
En mai 2016, L’Eau vive m’a invité à écrire des articles sur la santé mentale. Depuis ce temps, 18 chroniques Tabou No More ont été publiées. Ceci se traduit plus ou moins par 12 000 mots vous invitant à réfléchir avec moi sur le sujet de notre santé mentale, de notre mieux-être.
Un bilan positif
Durant cette période, j’ai donné sept ateliers de Premiers soins en santé mentale à travers la communauté. Plus de 125 personnes sont maintenant outillées pour appliquer les cinq gestes de secouriste « AÉRIE » conçus par la Commission de la santé mentale du Canada. Deux autres ateliers sont prévus ce printemps, grâce à l’appui du Réseau santé en français de la Saskatchewan, partenaire principal pour l’offre de ces ateliers.
On pourrait dire que les étoiles pour sensibiliser la communauté fransaskoise au sujet de la santé mentale sont bien alignées. Même le Plan de développement global de la communauté, adopté en juin 2016, mentionne un nouvel impact : l’accroissement du mieux-être.
Ces chiffres sont beaux, oui ! En même temps, conserver et/ou cultiver sa santé mentale est un projet infini qui se poursuit tout au long de chaque vie. Il n’y a rien de linéaire dans notre développement du mieux-être ! En fait, c’est plutôt houleux et circulaire, comme une montagne russe. Les participants qui suivent un cours de premiers soins en santé mentale augmentent leur confiance pour apporter de l’aide aux autres et, en même temps, améliorent leur propre santé mentale.
Deux pas en avant, un pas en arrière
Pour moi, la vie est une belle danse rythmée avec des pas de danse qui ne sont pas toujours logiques ou reconnus : des pas en avant, des pas en arrière, à gauche et à droite. Souvent, on reste attaché à une certaine forme de danse, par habitude ou par crainte de l’inconnu. Des fois, on perd le rythme et on tombe.
Consciente du concept du lâcher-prise, je fais de mon mieux pour pratiquer une danse originale avec deux grand pas en avant et un petit pas en arrière. C’est la danse du non-attachement. Mon petit pas en arrière me permet d’évaluer ce que j’ai appris au cours d’une certaine danse ( une certaine situation ) et ensuite de faire deux grands pas en avant avec énergie et motivation. Je prends mon élan et la danse repart d'un bon rythme !
Stéfanie, la fille de ma cousine, écrivait dernièrement sur Facebook comment elle a perdu le pas : un épuisement professionnel. Avec sa permission, je vous partage un extrait de son message :
« Il y a 4 ans exactement, jour pour jour, j’étais en burnout. Pour une multitude de raisons et sous une multi-couche de facteurs, mon corps, mon esprit et ma tête m’ont lâchée en mars 2014. Ça m’a pris 4 mois à m’en relever, doucement, tranquillement, avec de l’aide, de l’amour, des proches bienveillants et mon espoir enfoui bien loin à ce moment-là…
Tranquillement pas vite, j’ai écouté mon cœur et même si je ne sais toujours pas où je m’en vais avec ma nouvelle future vie d’infirmière (on va se le dire...pas un domaine des plus jojos!), mon constat est que depuis 4 ans, j’apprends à me laisser porter par le doute, le vide, l’instinct et la petite voix en dedans à qui je peux faire confiance…
J’ai plein de raisons de vouloir partager ceci…pour sensibiliser au fait qu’on puisse tous glisser, se perdre et penser qu’on va virer fou un jour. Avec le temps, on se rend compte que ce vide est là pour nous apprendre nos plus grandes forces insoupçonnées et les plus belles leçons. »
La perfection de nos imperfections
Le témoignage de Stéfanie m’amène à un constat : nous sommes tous vulnérables et « parfaits dans nos imperfections ». Ceci veut dire reconnaître ses limites, accepter sa nature humaine, prendre une grande respiration et continuer sa danse. Se rappeler que tout le monde est en danse et qu’il y a de l’aide quand les pas deviennent plus difficles.
Aucune danse n’est parfaite! Deux grands pas en avant, un petit pas en arrière. Et hop, on avance !
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