Perry Bellegarde devient le nouveau chef de l'Assemblée des Premières Nations
WINNIPEG _ Perry Bellegarde a été élu chef national de l'Assemblée des Premières Nations (APN), mercredi, à Winnipeg.
Celui qui est chef de la Fédération des nations indiennes de la Saskatchewan a obtenu 63 pour cent des 464 votes exprimés au premier tour.
Des chefs de partout au pays étaient réunis à Winnipeg afin d'élire un nouveau leader.
Le chef intérimaire de l'APN, Ghislain Picard - aussi chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador - a terminé deuxième, tandis que Leon Jourdain, chef de la Première Nation du lac La Croix en Ontario, est arrivé en troisième place.
"Je suis vraiment excité, très heureux", a déclaré le chef Bellegarde aux journalistes avant de recevoir les félicitations de M. Picard. "C'est un moment d'humilité. Il est grand temps de se mettre au travail. Les chefs ont parlé... On va amener le changement au Canada."
M. Bellegarde avait fait campagne en affirmant vouloir ramener la fierté au coeur des Premières Nations et se concentrer sur l'autodétermination.
"Nos gens des Premières Nations peuvent s'élever et avoir la même chose que tous les autres Canadiens - de bons logements, une éducation de bonne qualité pour nos enfants, des emplois pour nos gens et avoir l'assurance que nos terres et notre eau sont respectées", a-t-il lancé après le dévoilement des résultats.
Sous son leadership, l'APN sera "respectueuse, réceptive et pertinente pour les Premières Nations", a dit le chef élu. "Je crois qu'il s'agit d'un mandat fort et je le reçois avec humilité."
Mais il n'est plus question de continuer comme si de rien n'était, a-t-il prévenu, en ce qui concerne le développement sur les terres des Premières Nations.
Les gouvernements et les entreprises ne vont plus s'enrichir aux dépens des Premières Nations qui, elles, vivent dans la pauvreté.
Le chef Bellegarde a déclaré que les valeurs d'équité et de tolérance que le Canada montre au reste du monde sont un mensonge quand il est question des Premières Nations.
M. Bellegarde verra son mandat de trois ans bonifié de six mois car l'organisation est en train de se restructurer alors que sa pertinence est remise en question. Plusieurs sont d'avis que l'APN devrait refuser le financement du fédéral, alors que d'autres croient qu'elle ne reflète pas les opinions et les préoccupations des différents peuples autochtones du pays.
Le poste de chef de l'APN est devenu vacant plus tôt cette année lorsque le chef national Shawn Atleo a démissionné, son leadership ayant été contesté en raison de son soutien à une loi fédérale controversée pour réformer le système d'éducation des Premières Nations.
Ken Coates, chercheur principal de l'Institut Macdonald-Laurier qui a suivi la campagne électorale, affirme que les opinions des Premières Nations sont partagées entre ceux qui veulent négocier plus de droits pour les Autochtones et ceux qui sont d'avis que les traités n'ont pas besoin d'être réécrits, mais plutôt appliqués correctement. M. Bellegarde représente ce second courant.
"Il a son franc-parler, a dit M. Coates. Il est plus susceptible de dire des choses dramatiques."
Et il a un travail difficile devant lui, a-t-il ajouté.
Pour la première année du moins, le chef Bellegarde devra consacrer son temps à redéfinir l'organisation, soutient M. Coates. Le paysage politique concernant les droits des Autochtones a changé si rapidement que l'APN doit faire du rattrapage.
Le mouvement Idle no More ("L'inaction, c'est fini"), qui a généré des manifestations partout au pays, était autant un rejet du leadership autochtone que du gouvernement fédéral.
"Le statu quo n'est pas acceptable, a-t-il dit. Il est évident que les gens veulent aller dans une autre direction."
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