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Louis Riel : À la recherche du poète disparu

Louis Riel, Poésies de jeunesse

Louis Riel, Poésies de jeunesse

Le recueil Louis Riel, Poésies de jeunesse a été publié aux Éditions du Blé, contenant une présentation de Gilles Martel, Glen Campbell et Thomas Flanagan avec une préface inédite de Yves Labrèche.

Crédit : Avec l’autorisation des Éditions du Blé

Les Éditions du Blé, au Manitoba, publient en deuxième édition un ouvrage hors de l’ordinaire qui ouvre une nouvelle fenêtre sur Louis Riel, personnage historique mystique aux facettes multiples.

Il a déjà été dit que la poésie était le parent pauvre de la littérature. Le plus récent ouvrage des Éditions du blé dément largement cet adage. Louis Riel, Poésies de jeunesse est une mine d’or tant d’un point de vue littéraire qu’historique et que politique. Ce qu’il révèle avant tout est un pan, bien méconnu, de la personnalité de Riel.

« On y découvre un homme d’une grande droiture, avec de fortes valeurs morales. Un homme de cœur également qui maîtrise parfaitement la langue française », précise M. Glen Campbell, professeur de littérature à la retraite et co-auteur de ce recueil de poésies.

La poésie du chef métis remonte à ses années universitaires au Collège de Montréal dirigé par les messieurs de Saint-Sulpice. Le jeune homme, au fort potentiel intellectuel et religieux, avait bénéficié d’une éducation classique auprès des Sulpiciens grâce à une aide financière, car la famille de Riel n’aurait pu se permettre de lui offrir accès à un enseignement d’une telle qualité.

Le chef de file est donc influencé par des auteurs comme La Fontaine, et sa poésie sera fortement imprégnée du style de la fable et de la versification française. Le jeune Riel offre ainsi ses premiers regards satiriques sur une société qu’il dénonce. Il ne sera pas non plus sans s’opposer à la rigidité et à la rigueur des enseignements reçus au sein du Collège, qu’il finira par quitter. Mais l’influence littéraire sera, elle, indéniable.

Un ouvrage unique

« Riel n’était pas ce que l’on pourrait qualifier un grand poète, » souligne toutefois le co-auteur de l’ouvrage. «La valeur de ses écrits réside davantage dans leur portée à la fois personnelle, poétique, politique et historique. » D’où l’idée d’un recueil réunissant trois experts, de littérature, d’histoire et de théologie, pour mettre en contexte et donner toute leur valeur aux vers rédigés par Riel.

La dernière parution de ce « calepin de poésies » par les mêmes auteurs remonte à 1977. Il était donc grand temps de replonger dans ces textes en les enrichissant d’annotations et de commentaires permettant de situer l’œuvre dans un contexte plus large.

« Très peu d’écrits poétiques ont été publiés du vivant de Louis Riel. Mis à part un article écrit par Eustache Prudhomme, qui étudiait avec Riel au Collège de Montréal, et un ouvrage publié par sa famille quelques mois après sa mort, Poésies religieuses et politiques, Imprimerie de l’Etendard, 1886, il existe très peu de sources », ajoute M. Campbell.

Place à la politique

« Le poème intitulé Le chat et les souris a une saveur nettement politique où Riel met en scène, à la manière d’une fable, des animaux représentant d’un côté, à travers le chat, l’autorité des Anglais et de l’autre, les souris, soit sa nation, son peuple qui doit ruser pour déjouer l’emprise féline. Dans ce poème d’une centaine de vers, les souris s’unissent et finissent par vaincre l’ennemi », relate M. Campbell.

Riel utilise abondamment la technique métaphorique pour dénoncer et critiquer des personnages, sous le couvert de la fable, dont les mœurs et les valeurs ne cadrent pas avec les idées et les opinions qu’il se fait de la moralité. C’est donc d’une écriture colorée et très châtiée que Riel exprime les fondements de sa pensée politique.

Riel, le tendre

Certains poèmes dévoilent les affaires de cœur du jeune Riel, alors étudiant à Montréal et qui s’éprend d’une certaine Marie-Julie à qui il déclare sa flamme. On y apprend toutefois que cet amour naissant sera tué dans l’œuf puisque la famille de la demoiselle ne semble pas partager l’intérêt amoureux des deux jeunes tourtereaux. Les mots de Riel laissent entendre que ses origines montagnaises auraient pu être à la source du refus des parents de lui accorder la main de leur fille. Après tout, Riel n’est pas un pur-sang, un « véritable » Canadien-français. Il y avait aussi sa propension à la prêtrise qui aurait pu influencer ou à tout le moins expliquer ce revers amoureux.

Toujours est-il que même si cette « frise » poétique tend à susciter plus de questionnements qu’elle ne fournit de réponses claires, une chose est certaine : elle contribue à rendre le personnage encore plus attachant et humain. La poésie permet ici de plonger dans un pan plus introspectif et intime de la vie de cette figure historique emblématique.

En définitive, ces poèmes sont autant de courtes histoires qui relatent la vie, pour le moins riche et complexe, d’un homme, tout aussi polyvalent, qui n’a pas fini de surprendre par ses talents.

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