Les Trois Points de Tryo au Potashcorp Children’s Festival à Saskatoon
Création d'un classique par la Troupe du Jour
Jesse Fulcher-Gagnon et Gabrielle Dufresne
SASKATOON - À la fin de la pièce Les trois points de Tryo la coccinelle protagoniste trouve son âme sœur et les deux s’éclipsent dans le bonheur des semblables qui se sont finalement retrouvés après avoir contourné des obstacles naturels et artificiels de la vie et des questions (que signifient les points sur leur dos ?) qui auraient pu les dérouter.
La création a, elle aussi, trouvé un mariage d’esprits créateurs parfait pour ce bijou de pièce pour les tout petits. Isabelle Payant et ses concepteurs artistiques ont pensé à tout pour rendre ce spectacle accessible et accueillant. Ça commence avec un accueil et une petite chorégraphie où la metteure-en-scène vient au foyer pour répartir les enfants et leurs parents en petits groupes pour bien les installer dans des rangées pour que tout le monde puisse bien voir et apprécier le spectacle. Elle a même pris le soin de souffler quelques mots d’explication de l’intrigue aux anglophones en les conduisant dans la salle. Et à la fin, après les saluts, les interprètes (Gabrielle Dufresne, Jesse Fulcher Gagnon et David Granger) se sont mis à genoux sur la scène pour distribuer aux petits des bouts de papier magique du décor comme souvenir de l’expérience.
Effectivement, il y a eu de la magie sur scène pendant les 30 minutes du spectacle. Elle est basée sur un texte génial de David Baudemont dont la clarté invite une exploration libre de tous les outils théâtraux mais simples qui marquent les classiques pour la toute petite jeunesse.
Dans Les Trois points de Tryo il y a des surprises partout. Des balles et des ballons rouges jouent au coucou entre les panneaux de papier blanc où se trouvent des vignes et des feuilles vertes fraîchement peintes par le narrateur-scénographe (David Granger). Le jeu est accompagné d’une musique fabuleuse (conception sonore de Gilles Zolti) dans laquelle baigne presque toute la pièce. Un grand moment à retenir : lorsque Tryo apprend à voler et à s’accrocher aux tiges des plantes. Soudain la musique sort de l’arrière scène avec un saxophone et un charango péruvien (un instrument à quatre cordes) dans les mains des comédiens. Le son et un jeu de lampes de poche – manipulées derrière les panneaux – font une véritable danse sur les dessins du décor pour créer mon moment préféré de toute la pièce. J’ai été aussi émerveillé par le chaos turbulent d’une série de déroulements de papier et de rubans scéniques qui transportaient les bestioles rouges du pastoral à l’urbain, dans un mouvement plein de tension et de danger. Arrivées à cet apogée délirante, les deux coccinelles à trois points se retrouvent finalement : une belle résolution, puis une réponse à la question qu'on se pose tout le long de la pièce. Que signifie le nombre de points noirs sur le dos d’une coccinelle ?
Nous étions officiellement les premiers à voir ce spectacle (après deux présentations d’essai et d’évaluation à Montréal). Les Trois points de Tryo est digne de devenir un classique, avec une longue série de présentations, de tournées et de reprises. Le riche vocabulaire visuel, sonore et philosophique est interprété dans une mise en scène et un jeu des comédiens à la parfaite mesure de son public, les jeunes de 3 à 7 ans. Assurément leurs parents et les grands au cœur d’enfant s’en régaleront aussi.
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