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Expatriés en Saskatchewan : quand la France inquiète, le Canada rassure

Expatriés en Saskatchewan : quand la France inquiète, le Canada rassure

Alors que la France traverse une période de turbulences politiques, économiques et sociales, les Français établis en Saskatchewan observent la situation avec un mélange de tristesse, de désillusion et de soulagement d’avoir choisi une autre vie au Canada.

Entre nostalgie, lucidité et espoir, leurs témoignages reflètent une fracture profonde entre l’Hexagone et sa diaspora.

Crise politique persistante, tensions sociales, inflation, perte de confiance envers les institutions : la France projette aujourd’hui une image d’instabilité et de désillusion.

Pour Nadifa Liseron-Monfils, installée à Saskatoon depuis plusieurs années, cette situation prête à l’incrédulité.

« La France passe pour un pays dont on se moque. Entre le vol de bijoux au Musée du Louvre et un gouvernement qui démissionne puis revient, c’est à ne plus rien y comprendre. »

« Je regarde BFM et CNews tous les jours, confie quant à lui Romain Lanly, arrivé en Saskatchewan il y a plus de deux ans. Macron ne veut pas démissionner, on perd du temps jusqu’en 2027. »

Comme d’autres de ses compatriotes, le jeune homme exprime une profonde lassitude face au climat politique français.

Le récent vol de bijoux au musée du Louvre, le plus visité au monde, est pour lui le symbole du malaise français.

« C’est vraiment dommage, car cela touche à notre patrimoine, à notre histoire. Ce genre d’événement donne l’impression que plus rien ne tient, même dans ce que la France a de plus prestigieux », note-t-il, profondément déçu.

Pour nombre de ces immigrés, la France n’est plus celle qu’ils ont quittée. Les scandales et les tensions sociales semblent avoir érodé la cohésion nationale.

« C’est affligeant, juge Frédérique Baudemont, installée depuis 35 ans au Canada. Les politiciens ne pensent plus à l’intérêt général. Ça me fait mal. J’aime mon pays, mais je n’ai plus envie d’y vivre. »

Un Canada rassurant

Par contraste, ces expatriés se voient rassurés dans leur décision d’avoir immigré au Canada.

« On a fait le bon choix en venant ici. Le cadre de vie au Canada est bien plus stable et apaisant », indique Nadifa Liseron-Monfils.

Danaë Pimentel Dos Santos, arrivée en Saskatchewan depuis moins d’un an, observe une différence d’atmosphère flagrante entre les deux sociétés.

« La mentalité au Canada est plus positive. En France, c’est morose. Ici, je peux entreprendre, être une femme libre, avoir des opportunités. Je ne retournerai jamais en France », conclut-elle, catégorique.

« Le Canada a une culture de dialogue et de respect des institutions, poursuit Frédérique Baudemont, aujourd’hui citoyenne canadienne. Les tensions existent, mais le système politique est plus apaisé qu’en France. »

Économiques pour certains, sociales ou politiques pour d’autres, les raisons du départ varient mais convergent vers une même idée : le Canada offre un cadre de vie plus serein.

Clément Dubois, installé depuis quelques mois dans les Prairies, explique : « Le système scolaire est meilleur, la sécurité aussi. Ma femme a trouvé du travail rapidement. En France, les salaires sont faibles et les obstacles nombreux. Ici, notre niveau de vie est bien meilleur. »

Entre inquiétude et attachement

Malgré tout, la France continue d’occuper une place importante dans le cœur de ces expatriés.

Beaucoup gardent des liens étroits avec leur famille, regardent les journaux télévisés français et discutent des élections, même à des milliers de kilomètres de Paris.

« La France reste un pays d’histoire et de culture immense », déclare Danaë Pimentel Dos Santos, mais sans « un profond renouvellement politique », la question d’un éventuel retour ne se pose pas.

Pour plusieurs Français de Saskatchewan, s’impliquer activement dans la vie communautaire francophone locale est ainsi la meilleure des réponses face à la morosité.

C’est le cas de Nadifa Liseron-Monfils qui participe à plusieurs activités familiales à la Fédération des francophones de Saskatoon.

« C’est ici que je trouve mon équilibre. Mes enfants s’épanouissent, je n’ai aucun projet de retour », rapporte-t-elle.

Entre attachement et détachement, les Français de Saskatchewan incarnent une double fidélité entre un pays qu’ils aiment toujours et un autre qu’ils ont choisi pour mieux vivre.

 

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