Arthur Denis, leader et conteur fransaskois
L’autobiographie d’Arthur Denis, "Mémoires du Shérif de Champêtre County" aux Éditions de la nouvelle plume
Mémoires du Shérif de Champêtre County
Arthur Denis, Mémoires du Shérif de Champêtre County, autobiographie, Régina, Les Éditions de la nouvelle plume, 2014, 260 pages, 20 $.
Au sud de Saskatoon se dresse le ranch Champêtre County. J’ai pu le connaître non pas en me rendant sur place, mais en lisant l’autobiographie d’Arthur Denis, Mémoires du Shérif de Champêtre County, ouvrage paru aux Éditions de la nouvelle plume (Régina). L’auteur fait déferler sur nous des aventures, des personnages et des lieux plus grands que nature, à l’image de sa Saskatchewan natale.
Le livre retrace le parcours d’un agriculteur-leader-cow-boy originaire de Saint-Denis. On apprend que ses ancêtres paternels venaient de la France et que ses ancêtres maternels étaient originaires de la Belgique et des Pays-Bas. Des deux côtés, on n’avait peur de rien. « Aider les autres semblait être ce qui les faisait vivre », écrit Arthur Denis. On devine que ce commentaire va s’appliquer à lui aussi…
L’auteur raconte sa jeunesse avec une simplicité joviale. On le suit au fil des petits changements quotidiens, du poêle à bois à la fournaise à l’huile en passant par le Booker (fournaise à charbon). Arthur décrit comment il a rencontré Thérèse, sa future épouse qui lui a chanté le Milord d’Édith Piaf après qu’il eût demandé sa main à monsieur Lepage. La photo de noce est assez radieuse !
Au Club jeunesse, au Centre communautaire, à la Commission culturelle fransaskoise, à l’École Providence, Arthur Denis ne pouvait jamais se contenter de faire les choses comme tout le monde. Il aimait imaginer de nouvelles choses, ce qui causait parfois « beaucoup de friction avec les anciens ». Pour tout dire, Arthur Denis avait l’art de « froisser un peu trop de plumages par ses initiatives ».
Ce leader respecté dans la communauté francophone de la Saskatchewan a toujours affiché une attitude positive face à ce que certains appelaient des problèmes d’acculturation ou d’assimilation. Pour lui, « les obstacles sont seulement des défis à relever ».
Arthur Denis aime dire qu’il a réussi grâce à l’intervention de la Divine Providence ou à l’opération du Saint-Esprit, mais les faits démontrent que sa clef du succès a davantage reposé sur les principes de coopération et les stratégies d’autonomie culturelle. Sous sa direction la Commission culturelle n’engageait pas de Québécois, seulement des Fransaskois.
À l’aube de la cinquantaine, Arthur Denis décide de tourner la page sur l’agriculture et de créer Champêtre County, un ranch touristique où il joue évidemment le rôle de shérif, d’où le titre de son livre. Mais est-ce vraiment un jeu ? Le cow-boy ne profite-t-il pas de cette forme de tourisme pour faire passer un message ? Sa tactique consiste à conteur des légendes où il parle « de sujets dont personne ne veut discuter », c’est-à-dire du rôle que Dieu joue dans notre vie et « du respect qu’on doit donner à la nature et à nous-mêmes ».
Arthur Denis croit sincèrement que Dieu s’est servi de lui, « outil très peu raffiné », pour faciliter la vie des gens qui l’entourent. On dit que derrière tout grand homme il y a une femme ; derrière Arthur Denis il y en six : son épouse Thérèse et ses cinq filles.
Ce livre mérite quatre étoiles sur cinq.
Arthur Denis, Mémoires du Shérif de Champêtre County, autobiographie, Régina, Les Éditions de la nouvelle plume, 2014, 260 pages, 20 $.
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