La musique, de Folle Avoine à aujourd’hui
Prix Trille Or de la chanson
La famille Campagne en spectacle à Regina
Les Campagne, réunis sur scène au Bistro du Carrefour des Plaines à Regina le samedi 26 septembre 2015. De gauche à droite : Annette, Solange, Carmen, Suzanne, Michelle et Paul.
Photo: Émilie Dessureault-Paquette (2015)
«C’est ici une résistance, un combat, des valeurs, une urgence.»
On a entendu ces paroles lors du Gala Trille Or qui a honoré la chanson francophone de l’extérieur du Québec le 2 mai dernier à Ottawa. C’est Tim Dup, un Français qui les a prononcées, tout conscient qu’il est de l’effort que l’on déploie en notre pays pour préserver notre langue et notre culture.
Par la même occasion, le Gala a rendu un vibrant et touchant hommage à Carmen Campagne qui a chanté pour des centaines de milliers d’enfants francophones partout au pays, Québécois compris.
Cette Fransaskoise nous a quittés trop tôt en juillet 2018. Évoquer sa vie est bien davantage que parler d’une seule chanteuse. Elle nous ramène aux années 70-80, à l’époque où la chanson franco-canadienne s’exprimait souvent avec réserve et discrétion. Elle témoigne aussi d’une véritable victoire de la création francophone.
Carmen Campagne faisait partie du groupe Folle Avoine. Folle Avoine, c’est aussi la famille Campagne, francophone jusqu’à l’os, qui a grandi à Willow Bunch, dans les plaines de l’Ouest canadien. Les sept enfants ont commencé à chanter l’âme fransaskoise dès leur jeune âge.
Depuis, la chanson francophone a grandi. On ne chante plus dans son seul patelin, pour soi et ses voisins. C’est ce qu’a vécu l’ensemble Folle Avoine. Je l’ai entendu hors de ses frontières, à Québec en 1984, lors des célébrations du 375e anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier.
Quatre des membres de la famille ont ensuite fondé l’ensemble Hart Rouge qui s’est fait connaitre un peu partout au pays pendant les années 90.
Ils ont repris le micro pour saluer leur sœur au dernier Gala Trille Or. C’était plus de quatre décennies après avoir poussé leurs premières notes de musique, toujours en français, avec la force qui animait les débuts de Folle Avoine. Devant la même scène, le public applaudissait non seulement les Campagne, mais aussi les autres, des artistes de talent issus de toute la francophonie canadienne.
Un exemple de vitalité
Des Néo-Canadiens étaient parmi eux. La création francophone a grandi, elle s’est diversifiée, elle a résisté. Elle a pris des couleurs, des accents et des sons que l’on n’aurait jamais soupçonnés il y a un demi-siècle. Bref, elle a évolué comme le fait toute société en santé.
Revenons aux mots de Tim Dup.
La résistance. Oui, il en faut. Il y a des forces à affronter. On n’a pas manqué d’ailleurs de dénoncer les politiques fermées du premier ministre ontarien Doug Ford.
Le combat. Oui, il faut le mener. Des parents de la Colombie-Britannique seront bientôt devant la Cour Suprême dans l’espoir d’obtenir de meilleures écoles.
Des valeurs. L’œuvre et le cheminement de la famille Campagne en sont un bel exemple.
L’urgence. Il ne faut pas fermer les yeux sur l’assimilation, ce nuage qui assombrit l’avenir. Il faut agir sans tarder.
Ce Gala Trille Or était le dixième depuis 2001. Le spectacle qu’il nous a livré montre que la francophonie minoritaire a compris ce qu’elle a à faire.
Il témoignait d’une vitalité capable de faire mentir tous les sombres augures qui parient sur la fin du français à l’extérieur du Québec. Bien sûr, on n’a pas manqué de rappeler les propos blessants de Denise Bombardier. Elle avait conclu à la quasi-disparition des communautés francophones à l’émission Tout le monde en parle, en octobre dernier, alors qu’elle argumentait avec Jean Chrétien.
Revenons sur les Fransaskois. Par leur nombre et la façon dont ils sont dispersés, leur situation de minoritaire est une des plus difficiles au Canada. Pourtant, deux d’entre eux, Vaero et Étienne Fletcher, ont reçu le prix Trille Or.
Ces jeunes artistes croient en leur langue et leur culture. Personne ne pourra le nier. Le savoir est très réconfortant, tout comme le «bon chocolat chaud» musical que Carmen Campagne servait à nos rejetons.
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