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Les familles non francophones misent sur le français

Les familles non francophones misent sur le français

De plus en plus de familles non francophones choisissent de scolariser leurs enfants en immersion française. Pour ces parents, la langue de Molière constitue un atout et parfois même un apprentissage partagé entre eux et leurs enfants.

Selon le ministère de l’Éducation de la Saskatchewan, plus de 16 000 élèves sont inscrits dans des programmes d’immersion française, un chiffre en hausse constante depuis dix ans.

Dans une province majoritairement anglophone, cet engouement illustre la valeur accordée au bilinguisme et à l’ouverture culturelle.

« Mon fils m’apprend le français »

Pour Justina Odusola-Stevenson, arrivée du Nigéria il y a quelques années, inscrire son fils Ayanfe à l’école St. Luke à Saskatoon était une évidence.

« Je ne parle pas le français, mais je me dis que c’est une chance pour lui. Un jour, il pourra peut-être m’apprendre à parler », confie-t-elle en souriant.

Les débuts n’ont pas été simples : barrière linguistique, devoirs difficiles à suivre, adaptation à une nouvelle culture.

« Au début, c’était un peu difficile, mais il s’adapte avec le temps et fait beaucoup d’efforts », explique la mère, fière des progrès de son fils qui entame sa deuxième année d’immersion.

Pour faciliter le parcours, elle s’appuie sur les programmes de jumelage et de tutorat proposés dans certaines écoles, ainsi que sur les ressources bilingues mises à disposition des familles.

« C’est une belle expérience. J’encourage tous les parents à tenter l’aventure. C’est un cadeau pour nos enfants », ajoute-t-elle.

Apprendre avec son enfant

Même constat chez Madae Oyetola Niang, également originaire du Nigéria. Son fils Judonna, élève également à l’école St. Luke, suit lui aussi sa deuxième année d’immersion.

« Mon fils progresse vite en français, mais je ne peux pas toujours l’aider avec ses devoirs », reconnaît-elle.

Pour surmonter cet obstacle, la mère de famille a fait appel à un professeur de français originaire de France qui lui donne des cours chaque semaine.

« Cela m’aide à comprendre ce qu’il apprend à l’école. En même temps, j’améliore mon propre français. »

Mieux encore, elle s’implique dans la vie communautaire francophone de la province. Prouve preuve, elle participera bientôt à une activité organisée par la Fédération des francophones de Saskatoon, un atelier de cuisine sur le thème du Maroc.

« Je vais cuisiner en français, écouter en français. Cela aidera mon fils à s’améliorer et moi à pratiquer », rapporte-t-elle.

Son objectif : que son fils grandisse dans un environnement bilingue et qu’il « ait une belle éducation en français et en anglais ».

Retrouver une langue perdue

Maha Zitouni, elle, a un parcours bien différent. Née en Tunisie, elle a longtemps vécu au Qatar avant de s’installer à Saskatoon avec sa famille où sa fille Eline étudie depuis trois ans en français.

« J’avais perdu mon français après plusieurs années à parler arabe et anglais. Grâce à ma fille, je le retrouve petit à petit », raconte-t-elle.

Elle admire la capacité d’adaptation de sa fille : « Les enfants sont comme des éponges. Elle apprend tous les jours et me surprend souvent avec de nouveaux mots. »

Maha Zitouni participe désormais à des activités du Service d’accueil et d’inclusion francophone pour renouer avec la communauté et pratiquer la langue dans un cadre convivial.

« Ces rencontres me permettent de garder le lien avec la culture francophone et de montrer à ma fille que parler plusieurs langues est une richesse. »

Une ouverture sur le monde

Pour beaucoup de familles non francophones, l’immersion française est perçue comme un investissement pour l’avenir.

Selon une étude du gouvernement canadien, les enfants issus de programmes bilingues développent de meilleures compétences cognitives et bénéficient de meilleures perspectives professionnelles à long terme.

Mais au-delà des chiffres, c’est aussi une histoire d’identité et de partage. Les parents découvrent le français à travers leurs enfants, et les écoles deviennent des lieux de rencontre entre cultures et langues.

Comme le résume Justina Odusola-Stevenson : « C’est une belle aventure pour toute la famille. On apprend ensemble, pas seulement à parler, mais à comprendre une autre façon de voir le monde. »

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