Prince Albert : de nouveaux locaux toujours en attente
Douze ans d’attente. Trois déménagements. Des locaux vétustes dans un quartier jugé peu sécuritaire. C’est le quotidien de la communauté fransaskoise de Prince Albert qui multiplie les démarches pour obtenir un centre scolaire communautaire digne de ce nom.
Le 10 juin dernier, une rencontre publique a permis à la population locale de discuter des prochaines étapes du projet de développement d’un centre scolaire-communautaire dans le nord de la province.
Cette fois, le projet est porté par le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) et soutenu par une volonté plus large d’intégrer les besoins communautaires dès la conception.
Car si le projet initial de reprendre l’Académie Rivier est tombé à l’eau en 2022, un nouveau plan d’envergure, allant de la maternelle à la 12e année, est en développement, avec la promesse d’inclure des espaces pour les activités francophones.
Un lieu rassembleur
Josée Bourgoin, intervenante communautaire de longue date et présidente de la Société canadienne-française de Prince Albert (SCFPA), participait à cette rencontre.
« C’était une consultation sur le nouveau centre scolaire communautaire. On a présenté nos besoins en matière d’espaces partagés pour mieux servir la population francophone », précise-t-elle.
La Fransaskoise insiste : la situation actuelle ne permet pas l’épanouissement.
« On est installés dans un secteur avec une forte présence de sans-abri. Plusieurs familles hésitent à fréquenter nos locaux. On a perdu notre centre. On veut un vrai hub francophone, central, sécuritaire et accueillant. »
Des pressions et de la patience
La communauté fransaskoise de Prince Albert attend le financement d’un nouveau centre scolaire et communautaire depuis de nombreuses années.
Crédits : Cristian Pereira
La communauté de Prince Albert attend depuis 2013 un bâtiment convenable. Ce n’est pas le CÉF qui manque à l’appel, assure Bourgoin.
« On travaille en tandem. Il y a un comité de consultation pour intégrer nos besoins dans la conception. Mais le nerf de la guerre reste le financement provincial, qui tarde à se matérialiser. »
Une date cible est évoquée, septembre 2028, mais rien n’est garanti. Des retards liés aux procédures gouvernementales pourraient repousser l’échéance à 2029.
D’ici là, les francophones font ce qu’ils peuvent. « On veut accueillir les troupes de théâtre, offrir des ateliers, faire vivre notre langue. Mais on manque d’espace, de salles, de visibilité. »
Des jeunes qui décrochent
L’inquiétude grandit quant à la relève. « Les jeunes voient leurs parents toujours en train de se battre pour leurs droits. Ça les décourage. Certains vont vers les écoles anglophones. On assiste à une assimilation lente », déplore Josée Bourgoin.
Josée Bourgoin souligne également la nécessité d’une meilleure reconnaissance municipale : « Quand on parle d’urbanisme et de développement, le conseil scolaire francophone est souvent oublié. Pourtant, les municipalités ont la responsabilité d’offrir des services équivalents aux minorités. »
La fatigue se fait sentir après des années de démarches et de négociations, mais la détermination reste vive.
Josée Bourgoin refuse de parler d’abandon : « C’est un engagement sur le long terme. On veut créer un espace francophone structurant, pas juste une école, mais un lieu qui fasse rayonner notre culture et nos services. »
Pour y parvenir, la communauté mise sur la concertation et la vigilance. Les discussions se poursuivent avec le CÉF, tandis qu’on espère que le gouvernement provincial concrétisera enfin ses engagements budgétaires.
« On va continuer de revendiquer des espaces adaptés et accessibles. C’est essentiel pour notre avenir collectif », conclut-elle.
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